Une magnifique découverte

«  Incroyable ! C’est toujours un éternel émerveillement  » :  comme se plait à le souligner Sylvie Marez, maître artisan en métiers d’art. Courant 2018, quatre statues de l’église d’Hautmont (non inscrites à l’Inventaire et non classées) – représentant Saint-Marcel, Saint-Eloi, Sainte-Barbe et une Vierge à l’Enfant – partaient en restauration*, l’outrage des années ayant frappé fort. Notamment, le bois qui les composait était mangé par des insectes xylophages. Sans soins particuliers, les statues étaient vouées à une mort certaine. Or, quelle ne fut par la surprise de la restauratrice de découvrir, « en ouvrant quelques fenêtres de test  » sur l’une des statues entièrement repeinte d’une vilaine couche de peinture criarde, que se cachait une vierge dorée polychrome avec des dorures et une carnation de peau qui avaient dû être de très belle facture.

Autre surprise : la date de 1854 découverte sur le socle de Sainte-Barbe. Saint-Eloi et Sainte-Barbe auraient été réalisés par le même atelier, si l’on en croit leurs yeux en sulfure, sorte de verre avec des reflets procurant une illusion parfaite, une spécificité que l’on rencontre peu souvent dans nos petites villes au XIXe. Contrairement aux deux autres personnages pour lesquels les yeux sont polychromes.

Avertie de la découverte, la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) a souhaité intervenir dans le processus de restauration.

Aujourd’hui la tendance n’est pas de « refaire à neuf » mais au contraire d’intervenir en utilisant les mêmes produits et les mêmes techniques qu’à l’époque, de façon à ne pas endommager les pièces. Tous les produits utilisés sont naturels. Toute restauration doit être réversible. Le crédo du restaurateur est que finalement son « travail » doit être le moins visible possible. Moins visible certes mais redoutable d’efficacité. Pour ce faire, pas moins de trois mois auront été nécessaires pour effectuer ce méticuleux travail. Un exemple ? Une quinzaine de couches d’apprêt, mélange de blanc de Meudon et de colle de peau de lapin, recouvre le bois. Entre chaque couche, un temps de séchage est à prévoir, suivi d’un nouveau ponçage… Vient ensuite la pose de l’assiette rouge, sorte d’argile colorée posée à chaud (60°) toujours avec de la colle de peau de lapin. Nouvelle superposition de couches, suivie des opérations de séchage… Un travail d’une infinie patience. « La Vierge porte un manteau argenté avec des motifs gravés et des couleurs d’origine (vert et rouge) au-dessus d’une robe dorée. Certaines parties des motifs en or ont été complétées par plusieurs feuilles d’or de 2 microns. Et pour donner du relief à la dorure, on la lustre avec une pierre d’agate » précise Sylvie Marez, intarissable et enthousiaste sur son travail.

La Vierge à l’Enfant, Sainte-Barbe, Saint-Marcel et Saint-Eloi ont retrouvé l’église d’Hautmont où vous pouvez les (re)découvrir avec plaisir.

*Pour rappel, les édifices publics cultuels et les objets mobiliers les garnissant sont propriétés de l’Etat et des communes. Leur entretien est donc à la charge de l’Etat et des communes.

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