Retour sur l'actu,  Vie pratique

Publié le mardi 13 avril 2021

Le bâtiment en lui-même a été entièrement refait, après bien des avatars : d’autres boulangers avaient un temps tenté leur chance dans les mêmes lieux. Sans trop de succès… Cette fois pourtant, le nouveau patron a mis tous les atouts de son côté. A plus de 55 ans, et avec le bagage qui est le sien, celui qui a grandi à Hautmont est de retour…

Le pétrin, le patron est tombé dedans étant petit. Le déclic est venu lorsque, enfant, il passait ses vacances chez son oncle Eugène, qui exerçait son art de la boulangerie dans le Pas-de-Calais. D’où le nom qu’il a donné à son établissement, qui sonne en même temps comme un vibrant hommage envers celui qui lui a transmis la vocation. «  Chez nous, le pain c’est quelque chose de sacré, se plaît-il à souligner. Boulangerie, pâtisserie sont souvent intimement liées. Le fournil c’est ma vie ! ».

C’est en 1982 qu’il passe ses diplômes. Réussis d’ailleurs avec un certain brio. Il se fait songeur : « A l’époque, le CAP comptait quatre disciplines. Outre la boulangerie et la pâtisserie traditionnelles, on passait aussi l’épreuve chocolatier et glacier. Et ce n’était pas simple. Les choses sont différentes désormais. Mais on ne devient un orfèvre qu’à force de travail ! En fait, on apprend chaque jour… J’ai travaillé chez Delbecque, Kerveroni, Delval à Hautmont et dans sa région, et plus tard chez Verschueren. Entretemps, j’ai bossé à Mons dans une maison renommée. Puis je me suis expatrié au Mexique, avant de me retrouver au Maroc. J’ai fait découvrir le pain à la française à beaucoup de monde. En 2013, je suis rentré au pays. Je cherchais déjà un site à reprendre. J’avais quelques opportunités, notamment avenue Gambetta, mais l’absence d’un vrai parking m’a fait reculer. Il y a quelques mois, j’ai eu l’opportunité de racheter la boulangerie de l’Abbaye. Nous avons entièrement réaménagé les lieux. J’aurais pu ouvrir plus tôt, mais il fallait que je sois vraiment au top et non sur une patte. L’image que l’on donne durant sa première semaine d’activité, c’est celle qui convainc le client de revenir ! Enfin, j’ai toujours pensé que pour réussir sa vie professionnelle à Hautmont, il faut aimer sa ville, penser Hautmont, vivre Hautmont, car notre cité a un sacré caractère et une vraie identité ».

L’offre commerciale qu’il propose est très large. Le rayon boulangerie traditionnel s’accommode de nouvelles créations. Des paris sur le goût, revendiqués. La baguette à l’ail, ou aux lardons, au maroilles ou au chorizo a déjà de nombreux amateurs. Les pains spéciaux – nordique, céréales, maïs – ont aussi le vent en poupe. La couronne d’épeautre a ses adeptes, en attendant la tourte au seigle, bientôt disponible. Les prix sont dans la moyenne. « Une baguette coûte 0,90 euro ; on n’est pas à Paris ici » : précise le maître du fournil. Les produits pâtissiers, la viennoiserie sont diablement alléchants. Tout comme la gamme des chocolats ou des glaces. Le choix des fournisseurs est une autre spécificité. La farine est élaborée par un meunier nordiste. Le lait vient de la Ferme de Beaufort. Ici, c’est la carte du local qui est privilégiée. « Pas de tartelettes aux fraises en décembre, insiste le patron. J’ai une éthique. Ce sera en saison ! Tout ici est manufacturé sur place, en usant d’un matériel de cuisson de pointe. Nous sommes quatre à faire tourner la boutique. Dès 5 heures le matin, hors couvre-feu, croissants chauds, petits pains fondants ou baguettes croustillantes attendent le client. Et ce jusqu’à 19 heures ». Seul le mercredi est jour de fermeture.

Le pari de la nouvelle boulangerie place de Gaulle est donc en passe d’être gagné ! Oncle Eugène, où qu’il se trouve, doit regarder avec une certaine émotion le fruit du travail du gamin qu’il a initié, en le mettant dans le pétrin. Mais un pétrin duquel il ne veut surtout pas sortir…

Boulangerie-pâtisserie Chez Eugène ; chocolatier, glacier, traiteur, sandwicherie, 9 place de Gaulle, 06 10 35 79 08.

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