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Publié le vendredi 22 octobre 2021

Le constat est sans appel. Ce SOS pressant a été lancé, avec un certain écho médiatique, en août dernier par Stéphane Wilmotte, maire de la ville. Ce cri de cœur a été entendu, bien au-delà de la frontière sambrienne. Ils sont nombreux les élus de tous bords, les administrations et les décideurs divers à embrayer avec la municipalité. Ce déchirant constat, lancé pourtant au cœur d’un été propice de fait à l’insouciance, a donc fait réagir. Preuve, s’il en était, de la gravité du moment et de l’impériosité d’une réponse forte et rapide. Il importe désormais, après ce constat lucide et engageant, de transformer ce bel élan en actes palpables car le temps presse…


De fait, les outrages du temps ont mis en berne sa magnificence d’antan. Les aménagements successifs qu’à subi l’abbaye au fil des siècles, souvent pour des raisons économiques et historiques, n’ont pas été de franches réussites. Le bâtiment diffère de ce qu’il était à sa grande époque. Après les premiers constats, réalisés il y a deux ans, et après diverses hypothèses où l’empressement du « croyant bien faire » se mêlait d’une certaine fantaisie, l’heure est désormais à la gravité, au vu de l’inexorable marche du temps. Les vues aériennes – mais pas seulement – sont très révélatrices. Il faut agir et vite !
Le constat, aux allures de tocsin, s’il est cruel, est donc simple. L’argumentation écrite s’étalait sur un large panneau, lors des récentes Journées Européennes du Patrimoine, dans la cour d’honneur de l’abbaye, ouverte au public pour amplifier cette prise de conscience : « La rénovation du bâtiment est aujourd’hui incontournable : s’il reste quelques vestiges en bon état, il est toutefois indispensable de trouver rapidement des solutions pour remédier aux dégradations les plus impactantes. Une mobilisation essentielle, car au-delà de l’intérêt patrimonial reconnu, la population sambrienne et régionale est attachée à cet édifice remarquable, qui représente par ailleurs un véritable potentiel de dynamisation et d’attractivité pour l’ensemble du territoire de la Sambre et, au-delà, pour le patrimoine départemental, régional et français ». En quelques mots, tout est dit. Cette fois, le soufflé ne retombera pas ! Pour ne pas gifler l’histoire même de la ville d’Hautmont…

L’exigence d’une action rapide et forte

A la date du constat effectué fin août, de nombreuses dégradations ont pu être identifiées et listées par le biais d’un cabinet d’architecture spécialisé. Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit ici d’un bâtiment historique, qui ne peut être réhabilité qu’en suivant à la lettre les consignes draconiennes édictées par les Monuments Historiques et les Bâtiments de France.
Voici les points essentiels de ce lourd constat :
– Toitures dégradées (ardoises amiantées), charpente et toiture effondrées par endroits, induisant des dégâts intérieurs importants.
– Maçonneries effondrées, parements fissurés, colonisation par les mousses, infiltrations…
– Charpente bois de la bibliothèque à déposer et à remplacer (entraits sectionnés, renforts archaïques).

Un appel aux partenaires

Le coût estimé de cette opération est de l’ordre de 15 millions d’euros. La ville, à elle seule, ne peut financer l’opération. Montages de dossiers ciblés, demandes de subventions tous azimuts, sollicitations de soutiens divers : la municipalité fait feu de tout bois pour charpenter son dossier. Une tâche, dans la phase initiale de sa réhabilitation, qui s’apparente aux douze travaux d’Hercule, tout autant que le futur chantier qui logiquement suivra.

Les dossiers sont en cours de montage

Elle a donc fait appel à la Direction Régionale des Affaires Culturelles, à la Région Hauts-de-France, au Département du Nord, à l’Agglo Maubeuge-Val de Sambre (le président Saint-Huile est partant) mais aussi à la Fondation du Patrimoine, présidée par Stéphane Bern et, plus généralement à tous ceux – investisseurs compris – qui seraient séduits par l’idée et la promotion de ce site remarquable. Les demandes sont en voie d’instruction et tout cela prend forme.
Une affaire à suivre, donc.

S. Wilmotte fait le point sur les dernières avancées

Lors du conseil municipal du 24 septembre dernier, le maire a fait le pont sur l’avancée du dossier : « Après la visite des spécialistes, venus jauger l’état des murs qui menacent de s’effondrer, une première réunion s’est déroulée en présence de Mme la Sous-Préfète. Il s’agissait de voir avec les diverses administrations, quelles aides pouvaient nous être offertes. Nous sommes, pour l’heure, dans la phase dite « urgente » pour parer au plus pressé. Dans un second temps, nous pourrons examiner la suite du projet. Ce dialogue, sous la houlette de l’Etat, est déjà très constructif en lui-même. D’autres réunions sont prévues. Les premiers travaux urgents seront lancés au premier trimestre 2022. Ce sont les murs en question qui seront concernés même si, pour l’heure, on ne sait pas encore quelle technique sera employée pour ce faire. Les Hautmontois – et tous nos partenaires – seront bien évidemment tenus informés de l’évolution du chantier».

Tous unis, au chevet de l’abbaye

L’impériosité de la chose l’exigeant, Stéphane Wilmotte a souhaité que toutes les énergies disponibles et intéressées puissent se retrouver autour de ce formidable projet qu’est le sauvetage de l’abbaye. Il a généré un véritable engouement, qui dépasse largement les frontières partisanes et politiques.
« Tous unis derrière l’abbaye ! » : c’est très fédérateur non ? Dans cet esprit, il a demandé à Frédéric Divina de chapeauter ce qui prendra la forme d’une association dédiée au sauvetage des lieux. Sans hésiter, celui qui est désormais à la retraite et qui durant vingt-cinq ans porta la voix de l’opposition au sein du conseil municipal hautmontois et qui fut – et est toujours – un acteur fort de la vie associative, a aussitôt accepté. (lire plus loin)

Pérenniser ce mouvement qui prend forme

Il explique : « Je suis natif d’Hautmont et vis ici. Mon engagement aux côtés des habitants ne date pas d’hier. Quand M. le Maire m’a fait part de son souhait, j’ai accepté illico. Dans un premier temps, nous avons partiellement ouvert l’abbaye, lors des Journées du patrimoine, pour que les gens découvrent de visu l’état des lieux. Nous sommes en train de réunir toutes les bonnes volontés. Notre crédo est simple : il faut sauver ce joyau. A partir de là, nous allons créer l’association « Sauvons l’abbaye d’Hautmont » et j’essaie d’animer ce mouvement qui prend forme. L’abbaye fait partie de cette ville. Pour l’heure, on ne peut la voir que derrière les grilles. Elle appartient à Hautmont mais aussi à tout le Hainaut, de par sa glorieuse histoire. Non seulement il faut la sauver – avec certaines urgences – mais il faudra ensuite la faire vivre, avec nos humbles possibilités, et la rendre au public, par paliers, en créant des évènements variés et récurrents. Dès que l’association sera officiellement sur les rails, elle pourra faire envie et susciter les dons, de particuliers, de mécènes, d’investisseurs et autres. Plus nombreux nous serons, plus notre crédibilité sera forte ! Courant octobre, la tenue d’une assemblée générale constitutive est prévue. Nous aurons alors plus de visibilité. Mais déjà, nous avons de très bons retours. Et ça nous fait chaud au cœur ».

Ils en parlent…

Alain, 62 ans:
« Il fallait intervenir. Si on attend, il sera trop tard ! Hautmontois depuis toujours, je suis très attaché à l’abbaye. D’autres édifices se sont dégradés par le passé, sans que personne ne réagisse ».

Julie, 22 ans :
« C’est très bien, une belle initiative qui va embellir la ville. Il y a deux ans j’avais découvert l’abbaye, que je ne connaissais pas, alors que je vis à Hautmont. Elle est belle et sa restauration est une bonne chose ».

Edmonde, 86 ans :
« Je suis très intéressée par le sujet et je lis tous les articles parus dans la presse qui y sont consacrés. Mes enfants aussi sont de mon avis. Ils pensent que rénover cet édifice était une évidence ».

Sebaa, 70 ans :
« C’est un monument vraiment historique. C’est un devoir de la sauver, même si cela coûte cher. Le maire a très bien parlé à ce sujet, c’est très positif ! »

sauvons L’abbaye

La fondation de l’association Sauvons l’abbaye d’Hautmont, à la raison sociale très explicite, a été officialisée le jeudi 7 octobre en mairie, par ceux que cette cause avait mobilisés, avec la bénédiction des élus hautmontois. Le maire, Stéphane Wilmotte lança donc les débats et l’assemblée désigna Frédéric Divina à la tête de la structure, lui qui avait promptement réagi aux sollicitations de ce dernier en acceptant, en août, le rôle de fédérateur de ce projet éminemment ambitieux.
Ont été ensuite élus : Daniel Laurent vice-président, Danièle Dufourt secrétaire et Laurence Marsy trésorière. Les autres membres du conseil d’administration sont : Marie-Joëlle Duchateau et Jeanne-Marie Vanachter. Déjà les idées émises par les participants fourmillent pour cimenter le sauvetage, puis le devenir de cet édifice millénaire, lié intimement à l’histoire d’Hautmont et de sa région…

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