Culture et Fêtes,  Retour sur l'actu

Publié le lundi 30 novembre 2020

Cependant, les traditions, les animations, les fêtes qui émaillent le calendrier –  qui font ce que l’on appelle le sel de la vie et qui de fait sont suspendues – ont un goût amer pour bien des gens… La Saint-Eloi est de celles-ci. Elle est inscrite en lettres capitales dans le calendrier  festif local, notamment dans le monde ouvrier, même si année après année, son lustre d’antan s’efface. C’est à la date du 1er décembre – officiellement c’est Sainte-Florence qui a pris sa place – qu’est célébré le saint patron des orfèvres, et plus largement des forgerons et des métallurgistes. Mais dans la mémoire collective, notamment chez les seniors, Saint-Eloi, c’est toujours le 1er décembre, fêté la veille par tradition.

L’entreprise Forgital-Dembiermont est sans doute l’une des dernières du genre à la célébrer avec autant de faste, au travers de joyeuses retrouvailles, de défilés colorés et de repas copieux arrosés à la sauce « bonne humeur ». Cette dernière, rappelons-le, est le must du genre en termes de réalisations majeures pour l’espace, l’aviation et autres domaines qui exigent l’excellence.  Hélas ! les temps sont ce qu’ils sont et, la mort dans l’âme, les organisateurs de ce pittoresque moment ont dû eux-aussi l’annuler. Retour dans le monde d’avant, en croisant les doigts pour bientôt renouer avec ces moments de gaieté, plus précieux qu’ils n’en ont l’air…

Dans les années 1950, la Saint-Eloi faisait déjà partie des rendez-vous festifs incontournables  et attendus chez Dembiermont, comme dans toutes les usines de la région d’ailleurs. D’autres animations à l’époque venaient s’y greffer. Un match de football, plutôt disputé, opposait ainsi  les «  bureaux » aux « ateliers » au stade… Dembiermont. C’est la veille donc,  le 30 novembre, que la fête battait son plein.  Le personnel se réunissait par atelier, en petits groupes autour d’une table bien garnie, et pas seulement de plats et d’assiettes… La messe associée à l’évènement, était célébrée à l’église, avant de rejoindre en 1970 la chapelle Saint-Eloi, plus adaptée, ne serait-ce que par le nom. Lors des libations matinales entamées dès 7 heures – où l’on parlait plus de « goutte-café » que l’inverse – les ouvriers se grimaient sur un thème différent chaque année, tenu secret jusqu’au bout. La statue de Saint Eloi était alors sortie pour le défilé. Ouvriers, employés et encadrement se retrouvaient derrière pour un périple court mais endiablé. Puis le personnel rentrait dans les bureaux ou les ateliers pour finir de festoyer…

Pour tout dire, de nos jours la Saint-Eloi fêtée ici a peu évolué. C’est toujours la société et le comité d’entreprise qui offrent le repas dans la salle de restauration de l’usine – même si les « extras » font partie de la coutume.  Derrière la statue du saint homme que l’on promène autour du site, un défilé bigarré et à thème met toujours tout le monde en effervescence. Il se termine par une joyeuse sarabande dans la cour de l’usine. Moment d’émotion ensuite, avant le repas de midi, lors de l’évocation des disparus de l’année, qui fait naître bien des larmes à l’œil… La pandémie actuelle a donc eu raison cette année de cette journée de liesse, si attendue. Avant de reprendre sans doute l’an prochain, avec plus d’entrain encore. Pour rien au monde le personnel ne transigerait avec « sa » Saint-Eloi. Ils sont comme ça chez  Forgital-Dembiermont : le goût du boulot bien fait, le respect d’une coutume plutôt échevelée qui est inscrite dans les gènes – dans une douce et grisante nostalgie – et la fierté d’appartenir à une entreprise de pointe…

Sujet réalisé avec la collaboration d’anciens salariés

Album photos souvenirs : de 1990 à 2019

 

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