Retour sur l'actu

Publié le jeudi 18 novembre 2021

On ne peut parler de Johann, né en 1980 à Maubeuge, sans parler de son frère Jeoffrey… Et pour cause : ils sont jumeaux. Et ont eu une vie presque commune, jusqu’au décès tragique du premier. Scolarité normale à Hautmont, à l’école Ferry notamment. A neuf ans, leur père, ouvrier dans une entreprise locale, perd prématurément la vie, à l’âge de 34 ans. Un vrai séisme familial. Remontant doucement la pente, Marie, leur maman, fait la connaissance d’un militaire, chez qui elle trouve un vrai réconfort. La famille part s’installer à Saint-Germain-en-Laye, où le compagnon de leur maman est caserné. Les deux garçons grandissent et obtiennent leurs diplômes en comptabilité. Mais gratte-papiers dans un fauteuil confortable, c’est pas vraiment leur truc… Ils se sont frottés aux vertiges de la chose militaire et, sportifs accomplis, veulent en découdre avec la vie, en laissant de côté un quotidien trop insipide à leurs yeux. «  Il fallait que ça bouge, que ça crapahute » : murmure leur maman, qui compulse, le regard embué, l’album-photo familial. Ils franchissent le pas et, en 1999, s’engagent tous deux au 3ème RIMA de Vannes.

Après leur formation, les deux frères se retrouvent au combat, dans des théâtres d’opérations en tous genres, ici et là sur la planète. Avec les risques que l’on imagine… Si Johann reste basé à Vannes, son frère Jeoffrey prend le large plus tard et se retrouve à Fréjus. Johann se marie en 2007. Son épouse lui donne une petite fille, Zoé. Doué de remarquables qualités de chef, il brille par son exemplarité et par ses compétences techniques. En mai 2009, il est nommé chef de groupe, en Afghanistan. C’est là que la belle histoire vire au drame. Le 4 septembre, au cours d’une mission de reconnaissance un engin improvisé, déclenché au passage de son véhicule par des rebelles, fait explosion. Deux de ses subordonnés perdent la vie.

Grièvement blessé, Johann est transporté à l’hôpital militaire de Kaboul, puis transféré à celui de Landsthül en Allemagne. Rapatrié en France, il rejoint Clamart durant quelques semaines. Les médecins sont pessimistes. A juste raison… Il s’éteint dans les premiers jours d’octobre. Sa femme est enceinte de six mois. Il ne connaîtra jamais Amaury, son petit garçon, âgé aujourd’hui de 12 ans. Mais la solidarité n’est pas un vain mot chez la Grande Muette. Son frère Jeoffrey, dévasté, voit sa demande acceptée et retourne rapidement à Vannes, son premier corps d’affectation. Dans le même temps, l’armée prend en main l’avenir professionnel de la jeune veuve, dévastée par le drame et seule dorénavant pour élever sa petite famille.
Une place porte désormais le nom de ce soldat valeureux à Hautmont. Et la ville en est fière…

En dates :
1980 : Naissance à Maubeuge
1999 : Johann s’engage au 3ème régiment d’infanterie de marine à Vannes
2000 : Il est envoyé dans le golfe de Guinée, puis au Tchad l’année suivante, au Kosovo ensuite, puis au Congo dans la foulée
2005/2006 : En opération en Guyane, puis en Côte d’Ivoire
2008 : En mission en république Centrafricaine
2009 : Après sa disparition tragique, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, reçoit la Médaille militaire et la Croix de la Valeur Militaire et est promu sergent-chef à titre posthume…

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