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Publié le mardi 9 février 2021

Serge Féron détonne dans ce milieu. Après des décennies de création et de coaching, celui qui a toujours des allures du Petit Prince cher à Saint Exupéry, a su préserver son sens de la fraîcheur, de l’authenticité et du parler-vrai. Natif de Douai, le petit Serge brille par sa timidité. « Mon enfance a fait que très tôt je me suis réfugié dans l’univers créatif, souffle-t-il. J’étais fragile. Je lisais beaucoup.  Je me réfugiais dans ma chambre, pour créer des maquettes. Créer, c’était ne pas s’ennuyer. Elève moyen à bon dans les autres matières, je cumulais les bonnes notes en dessin et en travaux manuels.  L’adolescence  venue, ma conviction s’est forgée».

Un impérieux besoin de création

A 13 ans donc, vient la révélation. Fini la solitude, terminé les notes subies sur le carnet de scolaire, exit la timidité qui masque la vraie personnalité : la puberté sonne le glas d’une enfance trop subie. De fait, le jeune garçon est transfiguré. Le voilà bavard et volubile. Et qui explique, à qui veut l’entendre, sa vocation créatrice : «  Mes parents m’ont laissé agir à ma guise. J’ai intégré les beaux-arts à Douai, puis Valenciennes et Lille. J’ai obtenu une licence de lettres et d’histoire de l’art, puis me suis préparé au CAPES d’arts plastiques afin de devenir professeur au sein de l’Education Nationale. J’ai vite déchanté. Peu de matériel, un enseignement à la chaîne auprès d’un jeune public plus résigné qu’intéressé, des notes que je devais donner, comme si l’on pouvait jauger le sens de la créativité des gosses… Tout cela me fait rapidement quitter ce moule éducatif, trop étriqué pour moi, à mon sens ». D’autant que dans son for intérieur tourbillonne ce besoin impérieux de création, qui ne donne pas sa vraie dimension.

Que faire ? Nous sommes au début des années 1980. Cupidon traîne par là. Serge rencontre Antinéa, une jeune femme qui, au fil d’un cursus universitaire artistique de haute volée, en pince autant que lui pour la création artistique. La fusion succède au coup de foudre. Dans une belle réciprocité, l’un est la muse de l’autre. Mais les questions matérielles les rattrapent bientôt. Ils choisissent ensemble une voie mixte. Antinéa enseignera son approche de la chose artistique tandis que Serge développera son art créatif propre. Durant des années, il accumule ses productions, les expos en galerie, les rencontres dans le milieu…  Mais là-aussi il déchante, non par prétention, mais par cohérence avec lui-même. Sa conception de l’art ne colle en rien avec celle qui prévaut, et qui voit l’argent-roi corrompre le milieu, en donnant martialement des avis, artificiels par nature, pour un travail le plus souvent exécuté sur commande. Celui qui est aussi passé par tous les chemins de traverses de l’art pour aider à faire vivre la famille, étoffée par les naissances de deux enfants  – décoration, scénographie, mode – souhaite alors reprendre une activité rémunérée.

De fil en aiguille…

Nous sommes en 1992.  Le fruit du hasard, lors de stages artistiques managés à Valenciennes  par Antinéa, lui fait connaître Mme Bonnemaison, une Hautmontoise qui, à petite échelle, promeut l’art de la peinture à Hautmont. Antinéa y est née justement. Ca  crée des liens… Ses parents tenaient dans les années 60 le restaurant La Terrasse, plutôt réputé à l’époque. Conquise par l’approche de l’art aussi singulière du couple, Mme Bonnemaison  contacte la mairie pour organiser à Hautmont un stage du même type. De fil en aiguille, les choses évoluent. Des élus sont séduits. Colette Montfort, adjointe à la culture, fait notamment bouger les choses, avec de faibles moyens. C’est Serge qui assurera les «  cours » d’une petite structure, les prémices du futur Atelier, qui prend forme. Mme Lesot, responsable du DSU, elle-aussi séduite par ce couple atypique et la personnalité hors-normes de Serge, prend à cœur l’avenir de l’atelier en devenir. 10, puis 20, puis 30 enfants et ados le rejoignent. Les échos des familles sont bons. Aux séances du samedi, viennent se rajouter celles du mercredi. Une pièce de travail plus grande, située dans l’actuel Centre paroissial, leur est allouée. Et quand le centre Chauwel est inauguré en 1999, c’est tout naturellement qu’on leur octroie une des grandes salles à l’étage. L’atelier 6/17+ est dans ses meubles. Il va donner sa pleine mesure. L’arrivée à la culture d’Aude Van Cauwenberge, à la fin des années 2000, va faciliter encore cette ascension.

Serge Féron, avocat d’une cause gagnée, reprend : « La pandémie actuelle est impactante pour tout le mode mais d’ici avril, je pense, les choses auront évolué et nous pourrons reprendre nos installations-expositions à thème. Le délai sera court. Mais c’est tellement excitant !  En période normale, nous accueillons entre 45 et 50 enfants et ados, de six ans à 18 ans et plus, répartis en deux groupes (les 6-10 et les 11-18)  le mercredi et le jeudi lors de séances d’une heure trente. Pour les enfants, en général, on leur met un étudiant qui leur fait faire de la peinture. Ce n’est pas mon propos. En juin, j’ai déjà en tête le programme que je proposerai à la rentrée de septembre. Je les fais se questionner, sans se prendre la tête. On fouille, on ouvre des champs de possibilité d’expression très importants, on les guide, Antinéa et moi. Mais ce ne doit pas être une corvée en plus de l’école. Surtout pas ! Il s’agit de paramètres – pas de consignes – pour ce qu’il est souhaitable d’être produit à la fin. Les anciens reviennent. C’est qu’ils y ont trouvé du plaisir ou s’y sont accomplis. Une dizaine de nos enfants ont suivi avec bonheur des études universitaires artistiques. C’est comme une semi-filière de préparation aux  écoles spécialisées après le Bac. Il faut savoir qu’une approche artistique de ce type coût à Lille entre 700 et 900 euros. Ici la ville prend tout en charge ou presque, le matériel compris. Il ne reste à charge que la somme symbolique de 40 ou 60 euros. Aude Van Cauwenberge, qui est revenue à la culture, suit de près et avec un œil bienveillant nos projets. C’est très enthousiasmant ! Maintenant il faut attendre que la crise sanitaire soit passée ».

L’affiche de l’exposition-installation de 2007Une œuvre personnelle de Serge Féron en 1989… et une autre de 1985

Le trophée Charlemagne 2017 réalisé par l’Atelier

L’atelier dispose d’un site très complet :  atelierdart617.jimdofree.com Atelier d’Art Labelimage 6-17+ Espace Chauwel, rue de Louvroil 59330 HAUTMONT

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