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Publié le vendredi 29 janvier 2021

Sa construction s’inscrivait dans une logique sociale et religieuse, en même temps que l’édification d’une cité de quatre cents logements répartis sur le plateau. Elle abritait la grande chapelle proprement dite, mais aussi d’autres salles paroissiales, à usages divers. Son cachet si particulier avait été longuement mûri par son concepteur, qui voulait fondre l’ensemble dans le paysage local d’alors, celui d’une ville laborieuse du nord de la France.

Hautmont à l’époque, c’était quelque part les lettres de noblesse de l’industrie de celui que l’on appelait encore le Bassin de la Sambre. Las ! Le temps passe et les choses évoluent vite. Petit à petit ses missions s’étiolèrent. Les nouvelles consignes de sécurité hâtèrent le processus. Mais cette fière gardienne, témoin d’une histoire révolue mais surtout pas oubliée, ne pouvait subir sans réagir les outrages du temps. En janvier 2005 le premier pas vers le salut venait d’un classement de la grande chapelle aux Monuments historiques.

Dans le cadre de la rénovation urbaine de la ville, ses salles attenantes subissaient dans la foulée une partielle mais salutaire réfection intérieure, avant de se retrouver promues pôles de service, sous le vocable Espace Honegger. Appréciant les vertus de ce lieu de centralité essentiel et de rencontres – parfois méconnu – au coeur d’un quartier à l’identité forte, la ville se devait d’amplifier ce renouveau.

Elle s’engagea dans la rénovation et la mise en accessibilité de cet édifice, avec comme objectif de contribuer à la création d’une dynamique culturelle, à travers sa reconversion en espace socio-culturel. Une dynamique amplifiée plus encore, avec l’arrivée l’été dernier de la nouvelle équipe municipale. Il « restait » les murs, les toitures et l’intérieur de la grande chapelle à rénover et ses treize fabuleux vitraux dédiés à Saint-Eloi, patron du site, qui sonnent aussi comme un hommage fort rendu aux ouvriers d’ici. Elle conservera une double vocation cultuelle et culturelle, avec l’établissement d’un projet de fonctionnement. Si le classement aux Monuments historiques a des allures de Graal, le revers de la médaille est moins engageant… Les travaux que la ville peut entreprendre doivent impérativement répondre à un cahier des charges des plus stricts. Mais les obstacles sont faits pour être franchis et, à force d’opiniâtreté et de solutions géniales, depuis novembre dernier, divers intervenants spécialisés s’affairent sur place, dans le respect absolu des consignes édictées…

La politique volontariste de cette réhabilitation épique répond à deux critères majeurs : la valorisation du patrimoine historique, mais aussi la dynamisation de la vie culturelle des lieux, une volonté forte exacerbée ces derniers mois. On parle maintenant d’un projet de fonctionnement qui placera les habitants et les associations artistiques et culturelles locales au coeur de l’élaboration d’une programmation particulièrement innovante. Ce projet se décline au travers de huit axes thématiques :
le patrimoine, la photographie, la musique, la création locale, la bibliothèque hors les murs, les festivités, la valorisation touristique du site et la jouissance d’un
équipement de proximité participatif. Un programme ambitieux qui va bousculer positivement pas mal de choses…

Les travaux – parfois lourds, souvent méticuleux – s’étaleront sur une période de vingt mois et comprendront dans le détail : la réparation des parements béton, les travaux de couverture, le remplacement des menuiseries et des serrureries, la réfection des vitraux, le traitement acoustique par la remise à nu du plafond de la voûte, la mise en accessibilité et la création de sanitaires et tous travaux nécessaires à la restauration et la consolidation de l’ensemble (peinture, sol à revêtement souple, électricité, plomberie, sanitaire, chauffage…). Un sacré pari pour une enceinte sacrée, qui transcende tous les clivages.

Les techniciens vont établir leur atelier dans une yourte dressée à l’intérieur même de la chapelle.

Aude Van Cauwenberge, adjointe en charge de la culture : « Une redynamisation active de ce quartier en plein devenir »

Cette approche novatrice, c’est aussi l’un des chevaux de bataille d’Aude Van Cauwenberge, adjointe notamment à la culture et à l’évènementiel. Une conviction forte qu’elle veut faire partager : « Il s’agit ici du dernier maillon de la reconquête du quartier du Bois-du-Quesnoy, après la rénovation urbaine des lieux, celle du groupe scolaire Fontaine et du stade Dembiermont, haut lieu sportif. Cette réhabilitation vise cinq objectifs :
La sauvegarde d’un patrimoine remarquable, emblématique de l’histoire industrielle de la ville, inscrite dans la mémoire du quartier. Les travaux de restauration et de réhabilitation permettront de valoriser le site dans le cadre de visites à destination des publics locaux (habitants, scolaires) et des visiteurs, notamment avec l’installation d’un atelier « vitraux ».
La réappropriation par les habitants d’un patrimoine et de son usage en tant que lieu socio-culturel, avec une programmation évènementielle voulue pour les habitants et débattue avec eux.
La production de lien social, avec la multiplication des activités au sein de l’Espace Honegger, qui doit devenir un lieu de vie pour les associations, en créant une nouvelle approche intergénérationnelle, une opportunité précieuse dans un quartier prioritaire.
Le désenclavement des lieux par l’animation et la culture. La chapelle doit devenir un lieu de centralité et de rencontres, ouvert sur les autres quartiers de la Ville, pour rayonner ensuite à l’échelle intercommunale.
Dernier point : nous voulons faire de la chapelle Saint-Eloi un lieu de sensibilisation artistique à travers des actions qui mettront en avant les arts actuels. L’enjeu n’est pas mince. Nous misons sur une redynamisation active et forte de tout ce pan de la ville ».

Didier Wasterlain, adjoint en charge notamment des travaux

Rencontres régulières avec les différents intervenants et visites multiples sur le terrain sont le lot des acteurs de cette réhabilitation porteuse.
Ce chantier, du fait de son contexte patrimonial singulier, ne peut souffrir d’un à-peu-près qui serait désastreux. Les experts des Monuments historiques sont très pointilleux. Pas simple donc ! Didier Wasterlain, adjoint en charge des travaux notamment, avalise les directives, écoute les conseils et compose toujours dans la droite ligne de ce qui vient d’être énoncé. Ce jour-là il était encore sur place, avec nombre d’intervenants. Il explique : « Les restaurateurs des vitraux sont astreints à un lourd cahier des charges et, même si l’architecture du site en elle-même est finalement récente, pour sa sauvegarde le choix de la teinte du béton employé – et sa densité – a fait l’objet de vraies investigations, au fil de nombreux essais, avant de choisir le bon ton pour rester dans les clous. Le postulat est simple mais incontournable : il faut réhabiliter le tout à l’identique. Les maîtres-verriers de leur côté travaillent dans la délicatesse. Les vitraux sont démontés un par un, des calques sont réalisés avant la restauration proprement dite. L’entreprise en charge de ce minutieux travail – à savoir l’atelier-vitrail Pierre Brouhart à Ronchin – remontera ensuite le tout, comme un puzzle. Il s’agit là d’un vrai travail d’orfèvre, à l’ancienne ! Cette entreprise de pointe dispose bien évidemment d’un stock de vitraux mais, en cas de besoin, elle peut demander à une société spécialisée une cuisson à façon des pièces manquantes pour y remédier. Nous savons que les habitants sont très attachés à leur quartier. Nous voulons qu’ils se l’approprient plus encore et faire de ces lieux restaurés une salle polyvalente multiforme ».


D. Wasterlain, ici en compagnie de M. L. Kresec, intervenante dans ce dossier, doit composer avec les exigences des Monuments historiques.

L’oeuvre d’un maître-verrier novateur

Auguste Adolphe Labouret né à Laon en 1871 et mort en Bretagne en 1964, était un pionnier dans la réalisation de vitraux.

En 1933 il met au point un nouveau procédé : le vitrail en dalle de verre, cloisonné en ciment. Pour réaliser les vitraux de la chapelle, il a utilisé un verre très épais, fabriqué aux Glaces de Boussois – une entreprise qui a fait les riches heures de l’industrie verrière – en usant de multiples coloris. Ces dalles de verre sont ensuite incrustées dans le béton, selon son procédé révolutionnaire. Les vitraux de la chapelle Saint-Eloi avaient été commandés par le diocèse de Cambrai pour cette chapelle dédiée, afin d’y mettre en valeur le saint patron des métallurgistes. Mais ils comportent aussi des scènes réalisées en hommage à la population ouvrière hautmontoise.

Les entreprises retenues

Gros-oeuvre – démolition : FREYSSINET
Couverture : Ets PHILIPPE CHABOT
Vitraux : ATELIER P BROUARD
Menuiserie bois : ART ET TECHNIQUE DU BOIS
Peinture – sol souple : DECOR PEINTURE
Electricité : JOUANNOT

Quid du financement ?

Le coût prévisionnel de cette opération est de l’ordre de 1,3 million d’euros. La Direction régionale aux Affaires culturelles a acté une subvention, à hauteur de 300 000 €. Reste la validation de la demande de subvention au titre des crédits européens du FEDER, à hauteur de 676 375 €.

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